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Page:Yver - Cher coeur humain.djvu/92

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formes. Il n’y a plus de place, aujourd’hui, pour ceux qui vivent encore sur l’honneur des aïeux. Bouillant d’un sang que des siècles de sélection ont entretenu vif, mais dont la valeur est aujourd’hui sans objet, ils sont condamnés à disparaître, à se fondre dans la masse, et à fonder ainsi une aristocratie nouvelle et pratique.

— Monsieur, dit Olive offensée, et dont la hauteur fléchit, et qui eut des larmes dans les yeux, vous ne m’auriez pas demandée en mariage si j’étais demeurée au château de mes aïeux au lieu de devenir commis voyageur.

Et sa tête pencha tristement vers le pommeau de la selle.

— Je vous aurais aimée partout où je vous aurais rencontrée.

— Vous auriez mieux compris à Charlemart l’impossibilité… Mais que n’ose-t-on pas auprès d’une fille qui travaille.

— Ma demande, alors, est une injure ?

— Je ne puis épouser qu’un noble.

— Mais je ne suis pas un garçon vil. Mes parents se sont enrichis dans un commerce honnête. J’ai été élevé dans une école choisie où mes condisciples, que de plus nombreuses générations opulentes avaient dotés de plus de raffinements, mont appris à tenir mon couteau comme un