Page:Yver - Cher coeur humain.djvu/93

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

stylographe et ma pochette de soie comme un chiffon. Mais ils n’ont pas refusé de m’admettre dans leur élite. J’ai ma licence de lettres et J’adore l’esthétique des sports. J’ai le culte des femmes. Je ne suis pas un saint, mais je hais mes défauts et voudrais être mieux que je ne suis. Et, tenez, j’oubliais… J’ai fait aussi la guerre. On n’y pense plus, c’est positif. Sept citations, quatre blessures. Ah ! j’aurais dû commencer par ceci : la Légion d’honneur…

Le pur sang d’Olive dansait sur place d’impatience, ses yeux de jais hors de l’orbite et ses sabots glissant sur les aiguilles de sapins. Elle avait peine à le retenir, fumant des naseaux, le col cabré comme une licorne. Toute autre qu’elle, il l’eût emportée de colère à travers les taillis. Olive était tout excusée de ne pas répondre au jeune Bocquillon, occupée qu’elle était à maîtriser sa bête. On ne voyait pas sa figure abaissée. Cependant elle murmura :

— Je suis loin de vous mépriser…

Les oiseaux s’étaient calmés et il régnait cette paix des beaux dimanches dans le bois. Le jeune homme rapprocha sa douce jument du frémissant poitrail d’Arly, le pur sang. En se penchant légèrement sur l’encolure, il vit que la Grande Mademoiselle avait le visage d’une morte. Ce fut le plus