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Page:Yver - Cher coeur humain.djvu/95

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défense aux Charlemart de s’allier avec qui n’a pas en lui un sang historique. La démocratie n’a rien à craindre de nous. Nous ne sommes que de trop rares échantillons et nous la servons plus qu’elle ne s’en aperçoit. C’est à elle, la France d’aujourd’hui, que nous offrons notre antiquité, notre intégrité, notre témoignage, comme on donne des livres qui traitent de l’histoire aux petits enfants des écoles. C’est la démocratie qui se repaît avec le plus de curiosité de nos châteaux, de nos vies, et des souvenirs éclatants que nous représentons. Mais que deviendrions-nous à ses yeux si nous mêlions notre sang à celui de la masse ? Quel vide dans ses rêves inconscients s’il n’y avait plus de noms inaccessibles, de familles millénaires, de princesses de légende ! Oubliez-moi, monsieur Bocquillon. En me séparant de vous — avec un peu de chagrin, je l’avoue, — je garde au peuple le sens de son antiquité nationale et je lui crée une lignée idéale. Il continuera de dire, : La patrie existe bien, puisque les colonnes sur quoi elle repose, nous en pouvons toucher de nos mains les pierres effritées…

Jacques Bocquillon retourna sa jument vers le sentier à gauche et dit d’une voix cassée :

— J’ai compris, mademoiselle. Pardonnez-