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Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/108

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Béatrix se leva. Il y eut de lourdes minutes de silence. Sa main gantée disposa quelques papiers sur le rebord de la tribune, et sa voix aimée, que pas un Poméranien ne pouvait entendre sans émotion, sa voix triste et chaude prononça :

— Messieurs, l’ordre du jour de cette séance comporte la proposition, faite par l’un de vous, d’un projet de loi dont la portée est immense. Notre rôle n’est pas d’intervenir dans vos discussions de législateurs. Mais il s’agit aujourd’hui d’une question si grave, que notre règne n’en a pas rencontré de telles jusqu’ici. Et il nous a paru bon de vous apporter cette collaboration si naturelle : la pensée de votre Reine.

Pendant que la droite exaltée et frémissante applaudissait l’Idole, un incident naissait autour de Wartz que ses collègues de la gauche, Braun en tête, apostrophaient. C’était ceux qu’on appelait communément « le Groupe ». Indignés lorsque avait éclaté publiquement cette affirmation du coup monté sans eux, leurs calculs, leurs ambitions déjoués, ils ne trouvaient plus de mots assez virulents pour qualifier la trahison de Wartz. On entendait Braun s’écrier :

— Votre folie aura perdu la République.

Mais, impassible, il supportait ce flot d’injures,