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Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/11

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dessus laissait voir le plastron de soirée, la ligne des trois boutons de diamant, fut reconnu par un des promeneurs, car il y avait dans ce visage pâle, boursouflé, aux prunelles bleues bigles d’expression, quelque chose d’impérieux et de singulier qu’on n’oubliait pas ; et ce passant le nomma :

— C’est Samuel Wartz, le délégué républicain d’Oldsburg.

Le jeune et heureux délégué, en effet, l’élu d’une opinion nouvelle par qui les esprits étaient troublés dans cette petite monarchie du Nord, si paisible. Les nations comme les individus sont la proie des idées et des crises morales. La Poméranie, depuis un temps imprécis, sentait s’éveiller en elle l’idée républicaine, née on ne savait de quoi, de souvenirs d’histoire, d’un certain fanatisme de liberté latent chez tous les peuples. À un moment donné, au-dessus de ce sentiment national, avaient surgi des meneurs qui se croyaient un peu les créateurs du mouvement républicain, alors qu’ils avaient été créés par lui. Samuel Wartz était l’un d’eux, tout nouvellement nommé, aux élections dernières, représentant du faubourg de la ville.

Cet homme venait de traverser la période d’enchantement le plus absolu que l’on conçoive.