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Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/12

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Après une jeunesse triste d’orphelin, écoulée chez une noblesse rigoriste de province — il avait été le secrétaire d’un châtelain — Wartz était venu à Oldsburg. Là, il s’était fait remarquer dans la Presse d’opposition, et il avait un jour satisfait les deux passions qui le possédaient également, en conquérant les votes de ce quartier ouvrier vers lequel le poussait sa poétique d’humanitaire, et en épousant cette jolie et spirituelle Madeleine, l’enfant d’un milieu progressiste où il s’était éperdument jeté, après la compression de la vie de château, là-bas. On ne le voyait guère que dans ces deux ou trois salons où l’on parlait librement chez le père de sa femme, le directeur du Nouvel Oldsburg, M. Franz Furth, chez le vieux délégué libéral, le docteur Saltzen, l’oncle Wilhelm comme on l’appelait dans cette société triée de dilettantes politiques, et chez quelques artistes moins en vue, qui eux aussi fréquentaient là. Son élection inespérée lui avait d’abord donné dans ce cénacle une autorité que convoitait sa vanité de modeste-orgueilleux ; mais par-dessus tout, elle avait été pour lui l’illusion d’un grand rôle à jouer, l’impression de tenir sous sa main des hommes, rassasiant ainsi à demi son appétit d’action morale, cet instinct qui, en dehors de