Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/133

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fusionnant sans effort avec ceux dont les avait séparés seulement un nom différent.

— Wartz ministre ! Jamais ! jamais, monsieur, jamais, répétait la Reine.

Alors, timidement, doucement, puisqu’il fallait apprendre à la triste femme sa destinée, avec les égards qu’on a pour un condamné, il commença de lui montrer ce qu’elle ne pressentait que trop : ce qu’était Wartz pour l’Assemblée, ce qu’il serait demain pour le peuple. Il atténuait ses mots ; il ne disait pas « son génie », il disait : « son talent » ; il ne disait pas « sa popularité », mais « sa maîtrise » ; ni « la vérité », mais « sa doctrine ». Et quand, de sa parole insinuante, il l’eut fait voir si lié à l’œuvre de l’heure actuelle qu’elle s’incarnait pour ainsi dire en lui, il joua d’une hypothèse. Il supposa qu’on fît un cabinet royaliste, en espérant de lui une formidable répression qui bloquât dans les cerveaux les idées en mouvement ; il nomma même ces ministres imaginaires ; il alla jusqu’à préciser la conduite qu’ils tiendraient, et leur politique appuyée avant tout sur les baïonnettes de la garde. Est-ce que l’Assemblée, telle qu’elle était désormais, exaltée, combative, butée à son idée fixe de la République, supporterait un seul jour ce ministère-là ?