Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/139

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charge, mais non point les personnes, semblait-il, quoique pourtant le jeune révolutionnaire entrevit dans ce décor de somptuosité comme une existence d’amour magnifiée.

Et d’ailleurs, ce jour-là, ils se virent à peine. Samuel éprouvait, plus qu’il ne les raisonnait, ces nuances sentimentales que Madeleine eût ressassées des journées entières. Son amour était au fond de son cœur, simplement, base confuse de toutes ses pensées ; mais ce qui dominait aujourd’hui sa vie, c’était moins cet amour sûr et tranquille que les soucis politiques, les graves préoccupations de l’heure présente, les responsabilités de sa fonction nouvelle.

Dès qu’il fut sorti, Madeleine qui s’habillait vit arriver au cabinet de toilette la petite Hannah, défaite, pâle comme un cierge, haletante, deux étincelles au fond de ses yeux de blonde.

— Madame ! oh ! madame !… ce qu’on dit partout !…

Madeleine sourit, un peu anxieuse dans le fond, d’écouter cet écho de la voix populaire.

— Qu’y a-t-il donc, Hannah ?

— Est-ce vrai, madame ? On dit que nous allons avoir une révolution, et que c’est monsieur qui mène tout maintenant.