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Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/142

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qu’en y touchant on les déchaîne, et que le geste fatal était fait. Ainsi, dans les légendes, voit-on les traîtres ouvrir d’une clef mystérieuse les écluses qui défendent les villes contre l’océan. Hélas ! l’écluse des épouvantables démences populaires était ouverte, et c’était Samuel qui avait fait cela.

Alors possédée d’une énergie amère, et voulant connaître jusqu’au fond le grand trouble populaire, voir au besoin l’émeute, les rixes, le sang, oubliant tout souci d’aménagement nouveau, elle compléta en hâte sa toilette, et sortit.

À cette même heure, dans la salle du Conseil, au Palais, Samuel Wartz avait pris place au milieu de ses nouveaux confrères. Rangés autour d’une table à tapis bleu, ils énonçaient en phrases incertaines, en hypothèses, en tâtonnements, la nouvelle condition politique de la Poméranie.

Autour d’eux, la salle magnifique déroulait ses lambris de chêne à moulures d’or, son plafond léger et lointain, où des femmes nues, allégories géantes, prenaient des tailles d’enfant. Au fond s’élevait le trône de la Présidence royale, le trône à trois degrés tapissé de brocart blanc.

La porte s’ouvrit, très doucement. Hansegel