Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/165

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l’excès de son charme. Mais, quand elle lui eut nommé, comme sa demeure, l’Hôtel du Ministère, l’évocation de cette habitation somptueuse, et de la hauteur sociale qui s’y attachait fut une révélation pour ce plébéien. Sans comprendre, il pressentit quelque chose de la vérité. Il regarda Madeleine et supposa qu’elle touchait de très près à ce Samuel Wartz, le célèbre orateur de la veille. Son élégance, sa tristesse, cette passion de voir ce que ses yeux n’avaient même pu supporter, tout cela l’éclairait vaguement ; et il la conduisait doucement comme une malade, faisant de longs détours pour suivre les voies calmes.

Comme la voiture gagnait le Ministère, quelque chose l’arrêta encore : un convoi, une civière sous un drapeau, un attroupement. Faiblement, en frappant à la vitre, Madeleine dit, presque sans voix :

— Je veux savoir tout, tout ; racontez-moi ce qui se passe ici.

Le cocher alla s’informer et revint :

— Les canailles ! c’est leur colonel, ce pauvre petit prince Erick, qu’ils ont tué !