Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/164

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hies, sur l’eau congelée du bassin, ce fut la bataille générale. Tous les bruits se fondaient en une clameur unique, dans laquelle dominait le cri des femmes, aigu, ininterrompu, de douleur et de peur ; et elles se sauvaient, les yeux égarés, hurlant et griffant les visages qui leur faisaient obstacle.

Madeleine, la main crispée aux barreaux de la grille, s’était aventurée jusqu’ici, et regardait. Elle vit, parmi les femmes qui fuyaient, un ouvrier venir à elle, le menton levé, les mains tendues, la bouche ouverte comme un homme qui suffoque, les yeux suppliants et éperdus. Elle recula d’un pas. L’homme montra son paletot de velours, et la poche du haut d’où sortait tout droit un petit manche de couteau. Puis, d’un effort suprême, il arracha l’arme de la blessure. Un jet de sang noir en jaillit qui éclaboussa Madeleine.

— Oh ! c’est trop ! c’est trop ! cria-t-elle.

Elle n’eut plus que la force de regagner la voiture qui l’attendait à quelques pas derrière. Le cocher la souleva à demi pour gravir le marche-pied.

Il haussait les épaules sans la plaindre, riant plutôt en dessous de ces nerfs de femme, qui étaient comme une coquetterie de plus ajoutée à