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Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/167

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allaient, venaient, causaient, égayés par ce remue-ménage. Et voilà pourquoi Madeleine s’était réfugiée ici, le salon officiel où l’on ne changerait rien, où elle pouvait bien se perdre, s’abîmer dans l’ombre.

Soudain, un coup léger retentit à la porte ; elle s’irrita qu’on osât venir jusqu’ici la troubler dans sa douleur. Mais s’attendant à voir paraître quelque domestique en quête d’instructions, elle raffermit sa voix pour répondre :

— Entrez, entrez.

— Madame, on me dit que vous êtes ici…

— Oh ! monsieur Saltzen, ne put-elle retenir, que vous êtes bon d’être venu !

Et, les lampes électriques allumées, elle courut à lui.

— Venez, venez vous asseoir ici, que nous puissions causer enfin je ne vous ai pas vu depuis un siècle !

Et il sentit sa main prise par ces petites mains encore gantées, qui l’attiraient, le dirigeaient avec une espèce de chaleur tendre.

— Avant-hier ! murmura-t-il, troublé.

— Non, non ; un siècle, je vous dis, un siècle !

Il la regarda sous la blanche lumière, le visage comme amaigri, rouge de fièvre, les yeux fiévreux