Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/168

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aussi et tragiques, avec le foyer qu’allumaient, dans chacune des pupilles, les lampes. Et, se méprenant sur le sens de cette émotion qu’il lui voyait, il sentit joie de l’accueil se changer pour lui en amertume et dérision. Comment n’avait-il pas deviné dès l’entrée, dès son premier mot, qu’elle était toute possédée par la gloire de son jeune mari, par le souvenir d’hier, par les émotions d’amour ! Et il se rappela le petit rôle qu’il avait joué, lui, à la Délégation. Il acquiesça tristement :

— Oui ; un beau siècle pour Wartz et pour vous.

Elle dit :

— Monsieur Saltzen…

Et elle n’ajoutait rien.

— Monsieur Saltzen… répéta-t-elle.

La voix altérée, la poitrine gonflée, infléchie sur elle-même, elle regardait les fleurs du tapis, le veinage pur des marbres, les ongles dorés des chimères qui supportaient une table. Elle semblait demander aux choses la force de pouvoir parler.

Et puis, deux ou trois sanglots la secouèrent tout à coup ; elle cacha ses yeux dans ses mains, et sans honte, sans pensée, presque sans pudeur, elle laissa couler en larmes devant le vieil ami le tor-