Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/179

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grande philosophe, mais l’idée de ce que cette fameuse loi pourra faire naître chez les pauvres gens me terrifie. N’auriez-vous pas eu peur de prendre une telle initiative, vous, monsieur Saltzen ?

— Oui, j’aurais toujours reculé devant des craintes, des scrupules, parce que je suis une volonté normale, assujettie à tous les souffles du sentiment, et que je veux beaucoup moins que je ne sens. Mais la destinée de notre grand homme, bien autre, unifiant sa volonté à celle qui mène le monde, ne lui a pas laissé connaître ces faiblesses. Je n’invente rien. Vous êtes assez instruite pour savoir que ce fut l’éternelle règle des génies de faire leur couvre jusqu’au bout, sans se soucier si des larmes ou du sang coulaient à leur passage. Nous sommes, nous, de pauvres êtres, qui mirons l’univers dans notre propre cœur, comme on regarde une immensité dans une toute petite glace, et notre maître instinct, la peur de souffrir, nous semble régir l’Univers comme il régit notre individu. Le Pasteur d’hommes, au contraire s’abstrait de ce qui est personnel, il ne s’écoute pas, il se renonce, il s’identifie avec les règles mystérieuses de l’humanité. Voilà pourquoi Wartz, dans son mouvement en avant, s’est soucié,