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Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/178

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une dizaine de sages, de réfléchis et de prudents qui voulons réglementer, ajourner, son projet trop hâtif. Nous sommes des confrères, des aînés, qu’il révère vaguement, des amis qu’il sait dévoués ; mais il a senti notre résistance. Notre prudence l’impatiente, nos conseils l’exaspèrent. Alors, de tout ce qui s’était établi entre nous : cordialité des relations, projets politiques communs, respect, affection même, rien ne compte plus. En nous, il ne voit désormais qu’un obstacle ; la force qui le mène ne lui permet pas de s’y arrêter. Nous le gênons ; il nous écarte, très simplement. J’en aurais pleuré ! M’être cru, dans l’esprit de ce garçon, l’arbitre de toutes les idées, et constater un beau jour quelle petite place j’y occupais ! Chez les autres, c’était de la fureur. Mais froissement d’orgueil ou délicate blessure de cœur, son autorité rend tout acceptable, et Braun lui-même, qui est un rustre aux rancunes opiniâtres, l’a si bien compris, qu’il est redevenu malgré tout, l’ami de Wartz. Et maintenant, sans cette loi implacable comme le Fatum antique, croyez-vous que Wartz, qui n’est que pitié et bonté pour le peuple, et qui avait en outre sous les yeux l’exemple d’Hannah…

— Ah ! l’interrompit Madeleine, je ne suis pas