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Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/186

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savait pas, car sa vie sentimentale de vieux garçon était toujours demeurée inconnue, il avait gravi cette hauteur d’âme où il était arrivé, où la moindre faute contre l’amitié qui le liait à Wartz, contre le respect de Madeleine, lui aurait paru, et aurait été en effet pour un homme de son caractère, une défaillance inexcusable.

Cependant, quand il acheta les journaux du soir et que, dans la rue même, il voulut lire, en passant sous la lueur des réverbères, il s’aperçut qu’il ne comprenait plus. Une chose le poignait plus que les graves nouvelles de cette journée d’émeutes ; seulement il lui avait fallu cette preuve flagrante pour savoir combien ce grand souci politique, dans un jour pareil, était secondaire pour lui. Plusieurs fois il essaya de parcourir ces colonnes troublantes que tout Oldsburg dévorait à cette heure, mais sans pouvoir y fixer une minute son esprit. Toujours, il se sentait ridiculement revenir, malgré lui, sous les cinq fenêtres derrière lesquelles on sentait, en un dessin vague, l’ombre molle des tentures : « Elle ne soupçonne pas, songeait-il, quel rôle de comédie elle me fait jouer ici ! »

À la fin, il alla retrouver la solitude de sa maison.