Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/185

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se retourna. Sur la façade obscure du Ministère, dont les bureaux étaient fermés, cinq fenêtres restaient éclairées : celles du salon qu’il venait de quitter ; ils étaient sans doute demeurés là, Wartz et Madeleine. Il avait surpris tout à l’heure le croisement de leurs yeux, une étincelle d’ardeur sous les cils de la tendre petite fille, une atmosphère d’émotion amoureuse vibrant entre eux. Il les devina — exaltés et fiévreux comme les avaient faits les heures passées dans les bras l’un de l’autre, jeunes et ivres ainsi qu’il convenait. Lui avait voulu cela. Il avait sciemment et avec art mené la jeune femme ébranlée à cette crise d’amour, et il s’en applaudissait, car c’était l’avoir sauvée d’un grand péril.

La conscience — cette chose blanche et nuageuse qu’on imagine au centre de soi — devait être chez lui singulièrement lumineuse et belle ; il la traitait avec la même coquetterie que son être apparent ; il en était vaniteux comme un autre l’eût été de posséder sa prestance jeune, sa main d’une finesse sans chair, comme d’autres l’eussent été de posséder son esprit. C’était une conscience. élégante, avec des excès de répulsion, des outrances de dédain, pour tout ce qui n’était point parfaitement délicat. Par des chemins qu’on ne