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Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/202

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Wartz, d’un air méprisant, choisit dans son portefeuille un billet qu’il tendit, affectant l’indifférence au point de n’en pas demander l’usage.

Auburger se mit à rire. Il était maintenant plus à l’aise avec le ministre que le ministre ne l’était avec lui.

— Que voulez-vous que je fasse de cela ! Il m’en faut quarante, cinquante comme celui-ci.

Wartz ne répondit pas : on entendait le cri de papier raide du billet qu’Auburger secouait entre le pouce et l’index, le coude sur son genou, devant le jeune homme d’État.

— Voyons, monsieur le ministre, vous n’allez pas marchander, je pense. C’est maintenant l’heure décisive ; si nous manquions ce dernier coup, tout serait compromis, ce qui serait vraiment fâcheux, au point où nous en sommes. Les comités royalistes n’ont pas ménagé l’or ; ce qui s’est dépensé depuis trois jours en livraisons, en libelles, en gravures suggestives, est incalculable, et ce serait vous qui compteriez maintenant, quitte à sombrer au port pour une misérable question comme celle-là ?

— Que voulez-vous faire de cet argent ? demanda Wartz sans laisser paraître la moindre passion.

Auburger battit des paupières ; arrivé au point