Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/219

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que peu à peu ; maintenant la vérité se révélait dans toute sa grandeur solennelle. La douceur des billets d’amour, la volupté des acclamations, ce concert louangeur qui résonnait sans cesse autour de sa personne n’étaient rien ; mais ces dépêches qui superposaient les suffrages dans une addition gigantesque, ces papiers fripés, couverts de chiffres, c’était l’ivresse pour lui, c’était la grande vibration du peuple à l’unisson de sa pensée, c’était le cœur national frémissant sous sa main.

Rien n’éteint la fougue d’un esprit révolutionnaire comme le maniement du pouvoir. Depuis une semaine que Wartz exerçait une sorte de dictature, son tempérament s’était modifié, il ne concevait plus de la même manière l’élaboration du nouvel Etat. Les grands mouvements populaires, la transmutation du travail moral d’opinion en agitation physique des masses, qui lui causaient autrefois comme un délire de meneur, lui paraissaient maintenant vains et dangereux. C’était de la Révolution la conséquence terrifiante qu’il fallait refréner. Il voyait donc l’œuvre de paix s’accomplir avec le calme de sa responsabilité tranquillisée. L’établissement de la République s’annonçait comme un jeu désormais. La constitution présentée à l’Assemblée renouvelée qui n’était