Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/23

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attache une idée de vulgarité, de brutalité. Béatrix est une grande dame d’Oldsburg, elle n’a pas voulu recevoir ce monde-là chez elle ; elle a craint qu’on ne lui abîmât quelque chose.

— Non, reprit Saltzen, l’air soudain très pensif, il y a une raison plus lointaine, plus secrète ; c’est là une idée de Hansegel.

— Le duc de Hansegel ? Je l’ai vu passer tout à l’heure, ici même ; il dansait comme un effréné ; la jeune femme qu’il menait semblait ne plus toucher terre.

— Il en fait danser d’autres ! reprit le vieil homme.

Tous les trois, maintenant, remontaient à grand’peine le courant de la danse, pour se rendre à la salle des mariages, qui était le lieu véritable de la réception. Ils marchaient à la file, frôlés par les plantes vertes qui garnissaient les murs de la galerie, et, sans le vouloir, ils laissaient bercer leur allure par le rythme de la valse, le trio de Béatrix qu’on jouait. Comme les journaux l’avaient prédit, ce bal était une cohue ; on voyait passer des épaules rougies par les meurtrissures reçues au cours de bousculades. La délicate Madeleine trouvait cela populaire ; elle en était choquée ; mais, en cet instant, elle ne songeait guère qu’à