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Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/241

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posé sur l’angle de cette console, ; une lampe en argent brûlait encore près du lit ; près de la table à lire, où s’étendait un journal déplié, une chaise était déplacée à demi, gardant le mouvement de la femme qui se lève en glissant. Venait-elle de se dérober ? S’était-elle enfuie ? Ou bien quelque fragile cachette la recélait-elle ? Et il leur semblait qu’à force de silence et d’immobilité, ils l’auraient entendue respirer.

Moins déçus que troublés, fouillant en gestes muets et mornes les tiroirs à clef d’or, les armoires où jaunissaient des fleurs et des lettres, ils tressaillirent soudain. À travers l’enfilade des salles qu’ils venaient de parcourir, s’approchait à toute vitesse un piétinement cadencé, et là-bas ils virent courir à eux, reflétés dans le jeu des glaces, les vestes bleues de la police, avec le feu des sabres nus, qui agitaient dans les salons traversés autant de fils de lumière.

Éteinte, dispersée, désagrégée, son âme dissoute, la foule n’eut plus même l’idée de lutter. On la balaya comme un troupeau de bêtes peureuses, à coups de plat de sabre. Les gens de service, barricadés aux, cuisines, n’eurent pas à se défendre. Dans la cour d’honneur, vingt-cinq à trente morts restèrent couchés à terre. L’émeute