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Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/247

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nait sa conscience. Sans coquetterie certes, mais non sans égoïsme, elle avait exploité cette amoureuse amitié du vieil homme, elle en avait distillé le délice, elle l’avait fait concourir à son bonheur, elle en avait usé, malhonnêtement, comme d’une chose qu’on sait ne pouvoir jamais payer.

Quand vint le matin, les journaux qu’on lui apporta au lit l’arrachèrent à cette langueur. L’envahissement du palais y était raconté de diverses manières selon l’opinion du parti, mais le même fait ressortait de tous les récits : la disparition de la Reine. La gravité du mouvement populaire, l’inquiétante effervescence des bas quartiers, les victimes même de l’échauffourée, tout s’oubliait devant la question capitale, l’unique question capable d’intéresser maintenant un Poméranien, celle de savoir ce qu’était devenue la Reine.

Quelle énigme ! Cette femme autour de qui s’accomplissait le grand drame, s’évanouissait de la scène, soudain. « Elle s’est volontairement exilée », disaient les uns. « Elle s’est, disaient les autres, retirée en province, là où on la croit le moins, et elle y prépare la contre-révolution. » Et l’on vit alors combien celle qui paraissait transitoirement oubliée, remplissait en secret les pensées de tous. Ce fut l’explosion suprême des passions contradic-