Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/248

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toires. Le mystère dont elle avait entouré ce dérobement d’elle-même ajoutait à l’exaspération générale. On ne s’abordait plus qu’avec cette idée muette au fond des yeux ; ses partisans furent repris d’un regain d’espoir, les révolutionnaires d’un renouveau de violence. Les conversations dégénéraient en disputes ; dans les deux camps elles déchaînaient de la fureur. Et l’on sentait, mieux que jamais, les droits que possédait la nation sur cette créature qui ne pouvait disposer d’elle, décider de son sort, sans que le pays l’eût voulu. La fièvre gagna, après Oldsburg, toute la Poméranie. On attendit, dans un frémissement d’angoisse, la journée du surlendemain où le nouveau Parlement, interrogeant les membres du Cabinet, ferait la lumière sur l’aventure inouïe.

Madeleine, dévorée de curiosité, guetta son mari comme il allait sortir.

— Où peut-elle être ?

— Est-ce que je sais ! fit Samuel, la main au bouton de la porte.

Elle devint maussade, sa bouche fit un arc boudeur ; elle fut tout d’un coup moins jolie, ses yeux virant au gris, plissés au coin.

— Oui, tu le sais. Tu le sais, et tu me le caches. Tu sais tout.