Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/264

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meubles de rebut, où l’intendant de la table devait donner ses audiences. Mais les royales choses démodées qui meublaient la pièce : consoles d’acajou, rideaux à crépines d’or, sièges massifs au velours défraîchi, avaient conservé, des contacts de tant d’Altesses, comme des fripures augustes et de la noblesse fanée. Le vieillard demeura debout, par respect.

C’était un ancien industriel du faubourg. Il avait soixante-dix ans ; mais, en dépit de l’obésité qui l’alourdissait un peu, son visage aux beaux yeux bruns, dans l’encadrement coquet des favoris neigeux, gardait la franchise et la vivacité de la jeunesse. Il était fort aimé. Son opinion, dont nul n’était absolument certain, le faisait classer ordinairement dans le parti libéral. Officieusement, il avait fait connaître à Wartz qu’il approuvait sa politique. Officieusement aussi, Wartz lui avait écrit : « Monsieur le maire, la grande estime que je vous porte m’a fait résoudre de vous confier une mission pour le cas où la Reine se trouverait en danger dans l’effervescence populaire. Je désire qu’il soit préparé à son intention, à l’hôtel de ville, des appartements où elle pourrait se retirer en cas de troubles. » Aussitôt, dans le secret, des préparatifs avaient été