Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/267

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heure, connue et attendue d’avance. Une inquiétude, une hâte fébrile, le pressaient.

Très doucement, la porte s’ouvrit enfin, et Beatrix entra suivie de son fils. Ce n’était plus qu’une femme en tenue de voyage, et qui boutonnait à son poignet épaissi ses gants de peau noire. Elle portait une jaquette, un simple chapeau de deuil : on eût dit une riche bourgeoise de la ville. Mais sous la voilette épaisse, son hardi profil monétaire se redressa, une hauteur instinctive dans son regard fit baisser les yeux au vieil homme.

— Votre Majesté est en péril. Madame, — prononça-t-il d’une voix très altérée, — et comme Elle l’a pu apprendre par ma lettre, monsieur le ministre de l’Intérieur a désiré que l’hôtel de ville l’abritât pendant ces jours troublés.

— Je n’avais pas peur, monsieur.

— La grandeur d’âme de Votre Majesté est connue de tout son peuple ; néanmoins, monsieur le ministre de l’Intérieur n’a pas toléré que la possibilité d’un crime subsistât, et si Votre Majesté veut me faire l’honneur de me suivre, je la conduirai sur-le-champ à la maison commune, où je me suis efforcée d’y rendre moins indigne d’Elle l’appartement préparé.

Alors elle commença de voir et de comprendre