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Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/280

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cette gaieté ; elle le prit par ses deux petites épaules, et le poussa vers le jeune ministre :

— Le voilà !

Le visage morne de Wartz se retourna machinalement, curieusement. Il avait deviné l’enfant. La mère saisit ce mouvement ; ses larmes tarirent ; elle s’exalta.

— Est-ce que vous croyez à l’hérédité, fit-elle d’une voix sourde et précipitée ; croyez-vous que l’ascendance vous travaille l’âme secrètement ? Alors regardez ce fils de rois, créé pour être roi, avec un corps royal, un esprit royal, un cœur royal. À la longue, il se fait comme un moule dynastique, où se forment les êtres ; c’est le mystère atavique, la prédestination des monarques. Regardez Conrad IV ! Touchez ses mains, pesez-les, c’est un sceptre que cette petite main. Et ces cheveux, ce front, qui n’ont jamais porté que des baisers, savez-vous ce qu’ils doivent porter un jour, la lourde chose d’or qui doit peser ici, ici, en cercle… vous devinez, monsieur Wartz ? Mais vous n’avez pas le droit de la lui ôter, sa couronne, son patrimoine, son héritage, son bien ! Dites, avez-vous le droit de prendre aux enfants ce qu’ils ont hérité de leurs pères ? Alors que deviendra-t-il ? quel être aurez-vous fait de lui ? comment l’appel-