Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/282

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moi que monte la haine, j’abdiquerai, j’abdiquerai en faveur de mon fils.

Un sanglot l’arrêta. Deux fois d’une voix déchirante elle répéta :

— Monsieur Wartz ! Monsieur Wartz !

Elle était courbée, ployée, brisée devant lui. Pas un mot ne rompit le silence.

L’enfant dit :

— Reprenez-moi : j’ai peur.

Alors folle de colère, tout son orgueil un instant refoulé remontant en flots de rage, elle se redressa, grande, hautaine, royale, comme elle ne l’avait jamais été sous l’hermine du sacre ni sous la couronne héréditaire ; et saisissant son fils, elle criait à Wartz d’une voix terrible :

— Cela suffit, monsieur… Sortez !

Puis ramassant toutes ses forces indignées :

— Quelle idée m’était donc venue ? Des accommodements ? des concessions ? transiger, pactiser avec le parti de la honte, demeurer une reine indigne, transmettre à Conrad IV une couronne tronquée ? Ah ! dussiez-vous maintenant l’implorer par toutes les bouches de la nation, vous n’aurez pas, vous ne pourrez pas avoir l’alliance royale. Mon fils et moi, toute la résultante de la race des rois nos maîtres, nous sombrerons sur le vaisseau