Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/293

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Avant que l’amie dont je te parle se soit sentie souffrir, profondément, secrètement, quelque chose a pâti en elle. Et, comme il y avait là tout près, plus près que le mari, hélas ! plus près de son âme difficile, un autre homme qui l’aimait, en lui offrant ces friandises spirituelles dont elle était si gourmande, son cœur, doucement, s’est tourné vers lui.

Elle entendit Samuel prononcer d’une voix creuse, d’une voix lointaine :

— Eh bien ?… eh bien ?…

— Eh bien, c’est tout !

Elle se tut ; elle était demeurée debout en parlant ; elle ne bougea pas. Lui, dans le coin le plus ombreux de la chambre, restait perdu et invisible pour elle, sans qu’elle pût savoir à son tour ce qu’il pensait. Oh ! Dieu ! si le conte trop subtil pour son intelligence grave n’avait servi de rien ! s’il n’avait pas allumé le soupçon préparatoire et si elle était forcée de se confesser à mots ouverts, maintenant !

Le silence dura longtemps. La petite pendule qu’ils avaient prise là-bas, à leur chambre nuptiale, pour l’apporter ici, sonna sur son timbre d’or une heure qu’ils n’entendirent pas. Tous les deux se cherchaient des yeux dans ce noir, tous deux in-