Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/295

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choir à ses yeux, les contractions de ses traits déplaçaient comme une tendresse qui la pénétrait. Son mari ! son grand homme ! L’avait-elle vraiment jamais tant aimé que ce soir, à cette minute, son bien à elle, son ami, son maître, sa chose ! Et elle avait pu le faire pleurer ainsi ! Saltzen n’existait plus pour elle, même à l’état de souvenir ; seul lui demeurait le remords de n’avoir pas apprécié l’amour naïf et puissant de Samuel, de ne s’en être pas contentée, de n’en avoir pas joui comme elle le pouvait, d’en avoir fait l’injuste procès. Elle s’était jugée plus affinée que lui, meilleure, plus noble ; mais c’était lui, au contraire cet être d’exception, plus grand que nature, au puissant cerveau, aux larges conceptions, qui était le plus souverainement bon. Oh ! qu’elle l’aimait, pleurant ainsi ! Elle tardait d’aller le consoler, pour savourer encore ce tendre chagrin, encore et encore ; et de le voir, son cœur se gonflait davantage à chaque minute.

Elle s’agenouilla près de lui ; elle lui prit de force les mains pour s’y cacher le visage, et, voyant qu’il ne la repoussait pas, comme elle en avait si grand’peur, elle se confessa…

— Vois-tu, Sam, j’aimais mieux être franche avec toi ; je n’aurais jamais pu me résigner à te