Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/296

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cacher la vie secrète de mon cœur. Quand tu es venu me demander en mariage, — je te l’ai conté souvent, — j’ai longtemps hésité avant de me promettre à toi. Le mariage m’effrayait ; ou plutôt, je m’effrayais moi-même. Je ne suis peut-être pas plus faible qu’une autre, mais j’ai plus conscience de ma faiblesse. Répondre de moi, de mes sentiments, de mon goût, pour toujours, me terrifiait. Tu sais bien à quelle fidélité je fais allusion, Samuel. Ce n’était point les fautes grossières et matérielles que je redoutais, mais les délicats adultères de cœur ou de pensée. Jeune fille, j’avais déjà une idée si pure, si lumineuse du mariage entre les âmes des époux ! J’y sentais si bien la noblesse de la vie ! J’y entrevoyais des choses si belles, que c’était uniquement à cette union-là que se portaient mes scrupules et mes craintes. Et puis, je t’ai revu, je me suis sentie plus forte, plus ferme dans l’amour ; je me suis engagée à toi ; mais en même temps, je prenais envers moi-même un autre engagement qui était de tenir toujours, et en toute occasion, mon cœur grand ouvert, comme un livre où tu puisses lire les bonnes comme les mauvaises choses. Tu serais mon confident, l’ami de ma conscience, et les subtiles fautes