Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/298

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— Moi ! ne plus t’aimer ! Alors, qu’est-ce que je fais ici, à genoux devant toi ? Est-ce qu’il ne faut pas qu’une tendresse au-dessus de tout m’ait jetée là, à tes pieds, dis ? Eh ! si, je t’aime, pour ton chagrin de cette heure ; j’aime ces chères larmes qui coulent là ; je t’aime d’être si bon, de ne m’avoir pas même interrogée ! car tu ne m’as rien demandé, mon Sam, quand tu pouvais croire des choses !… Vois-tu, il n’y a rien, rien… Monsieur Saltzen est venu tantôt, je m’étais un peu ennuyée, je l’ai accueilli avec plaisir. Du plaisir, voilà ; c’est tout. Le plaisir d’être aimée de lui, j’ai voulu le savourer jusqu’au bout, le sentir bien réel. Je l’ai poussé un peu sur la pente sentimentale où il aime tant à glisser ; je l’ai vu ému, triste, tout vibrant et ravagé, devant moi ; je me suis sentie enclose de fluides d’amour par ces pauvres yeux qui me regardaient éperdument, qui me livraient leur secret, qui me suppliaient. Et mon cœur un moment… il me semble… je ne sais pas… une minute… mon cœur l’a aimé, soutirant comme il souffrait.

Elle avait l’angoisse du premier mot qu’il dirait, et lui, sans répondre, l’écoutait.

Elle s’accrocha à lui, elle reprit ses mains.

— Reprends-moi, Samuel, reprends-moi pour