Aller au contenu

Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/297

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

envers toi, c’est à toi que je les confesserais Oui, l’union, je la concevais telle, que la force qui m’eût fait défaut, je l’aurais puisée en toi.

» Nous nous sommes mariés ; ce furent de grandes joies, des joies d’orage. Quand on remonte à cette source tumultueuse de la vie qu’est l’amour, on a beau chercher, on ne retrouve plus, sous le trouble, la pure clarté de cristal, l’idéal d’autrefois. Je t’aimais, et puis je t’aimais, et c’était tout ; mais je ne connaissais plus les calmes examens de conscience faits au pied de mon lit de jeune fille. C’était la fièvre, la vraie fièvre, avec l’exaltation et le malaise. On se donne l’un à l’autre, dit-on, mais on reste soi ; on prend toujours pour la meilleure sa manière d’aimer, et chacun voudrait plier l’autre à la sienne. Tu ne m’aimais pas comme je voulais… Et pendant ce temps-là, le docteur Saltzen venait me voir. Je le savais très amoureux de moi ; j’en riais d’abord, vaguement attendrie. Je l’ai deviné malheureux et je n’ai plus ri. Il me disait, à côté de l’amour, toujours, des choses exquises… Nous avions des idées semblables, ses goûts flattaient les miens…

— Madeleine ! dit Samuel en laissant retomber ses deux mains sur l’appui du fauteuil, tu ne m’aimes plus !