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Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/300

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les longs yeux tendres qui avaient contemplé Saltzen ; il couvrit de caresses les mains qui s’étaient tendues à Saltzen, et, pour les lèvres qui lui avaient souri, elles eurent le plus long, le plus tendre, le plus délicieux pardon. Il baisa les cheveux noirs parfumés, pour les absoudre de s’être laissé voir, et il étreignit sur sa poitrine le pauvre faible cœur bien-aimé.

Madeleine se redressa, les yeux rougis, ses yeux qui disaient merci, qu’on voyait plongés encore dans l’àme profonde qu’elle venait de connaître comme jamais, sans mots d’esprit ni subtilités vaines. Elle comprenait maintenant la loi simple d’aimer, ni comme ceci, ni comme cela, ni des yeux, ni des lèvres, ni de l’esprit, mais de tout l’être, comme Samuel.

— Je voudrais encore te parler, demanda-t-elle.

Lui aussi la regardait avec douceur ; il l’écoutait. Elle prononça le mot si troublant :

— Demain…

Infiniment sage et prudente, sa conscience envisageait maintenant l’avenir. L’avenir était devant elle comme un épais nuage noir où il lui fallait s’enfoncer, et tout ce qui l’attendait dans cette obscurité, elle ne pouvait ni le prévoir, ni s’en