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Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/302

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parfum, et il s’en exhale un délice qui me prend, qui me trouble, qui me change ; je ne me retrouve plus. Oh ! Samuel, j’ai peur. Il faut que je ne le revoie plus.

Wartz se rapprocha d’elle, impérieux, les yeux fixes, la pénétrant de son regard double, insoutenable.

— Je ne veux pas que tu l’aimes ! je veux que tu m’aimes seul, comme je t’aime seule depuis le jour oùje t’ai connue.

Quoi ! il commandait à une nation, il avait refait, de son seul vouloir, l’état d’un peuple, et ce petit cœur de femme, il n’en était pas maître !

Puis saisi de tristesse, soudain :

— Je t’en supplie, aie pitié de moi ; la vie que je mène est atroce ; tu ne peux pas savoir quelles choses pénibles, cruelles, douloureuses, mon rôle m’impose. Je n’ai qu’une joie, toi ! ne m’abreuve pas de chagrin à ton tour. Que vaut l’amour de ce vieil homme auprès de ma tendresse !

— Il est mieux que je ne le revoie pas, répétait-elle, avec une insistance navrante. Je ne t’ai jamais mis dans mon cœur en parallèle avec lui, Samuel ; mais, si peu que je lui donnerais, ce serait trop, et je te le répète, j’ai peur. Je ne veux plus le revoir.