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Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/31

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— Monsieur Saltzen, vous aviez raison ; vous savez si j’ai l’âme républicaine ! eh bien, tout à l’heure, quand j’ai vu sa grande main forte — forte comme celle d’un homme — et que j’ai pensé à tout ce que cette main symbolise de puissance, d’autorité héréditaire si lointaine, j’ai évoqué les reines d’autrefois, les manteaux d’hermine, les sacres, toute mon histoire poméranienne, la dynastie : Conrad III, Conrad II, Wenceslas, Othon, Conrad Ier, Wilhelm le Boiteux qui a vaincu l’Europe, Bertrand qui a fait les Croisades, et jusqu’à leur aïeul à tous, Charlemagne, qui avait uni toutes les nations sous son sceptre. Alors, c’était plus fort que moi, j’ai senti les nénufars royalistes me fleurir dans l’esprit par-dessus tout le reste.

Saltzen avait les yeux sur elle et souriait complaisamment en l’écoutant.

Et voilà que vint l’air d’une valse que l’orchestre reprenait. Madeleine redressa la tête, trouvant délicieux d’entendre ainsi cette musique de loin. Les danseurs revenaient aussi dans ce salon ; le président de Nathée vint inviter la jeune femme ; elle savait qu’il valsait mieux que personne, mais elle le remercia, en le remettant à plus tard.

— Madame Wartz, lui demanda Saltzen, avec