Aller au contenu

Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/315

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

preinte de ses mains à une usure légère visible sur le drap tendu. Elle saisit le porte-plume qui lui servait : un petit morceau de bois cerclé d’or. Elle le roula dans ses doigts, longtemps. Un fragment de papier traînait, elle le déplia : elle reconnut l’écriture sacrée, et ces deux mots : « Liberté démocratique. » Ces mots l’affligèrent, l’outragèrent comme le nom d’une rivale. Mais elle pardonnait toujours. Un paquet posé là l’intrigua soudain ; il était enveloppé d’une flanelle rouge. Elle sentit, en le palpant, une chose dure et froide. Elle le soupesa, et c’était de lourds objets de métal qui bruirent. L’étoffe soulevée, le nickelage de deux pistolets lui apparut, avec, au milieu, le blanc d’une petite fleur fripée, toute fraîche cueillie pourtant, une perce-neige comme il en poussait dans le jardin du faubourg.

Elle demeura un instant interdite, les joues pâlies, cherchant quelle nouvelle énigme ou quel simple hasard insignifiant c’était là. Mais sa jeunesse entourée d’hommes, bercée d’histoires d’hommes, dans ce monde des hommes de la Presse, aux mœurs un peu théâtrales et particulières, l’avait trop avertie pour qu’elle ne sentît pas devant ces armes une angoisse soudaine. Son père, Franz Furth, s’était battu jusqu’à sept ou