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Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/314

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brin d’herbe, de tout ce qui se dressait devant lui, que ce fût l’amitié, la paix de toute une caste dans la nation, la délicatesse même de sa loyauté, que ce fût la pauvre Reine… »

— Hélas ! ajoutait Madeleine, que ce fût moi !

Elle pleurait.

Elle entra dans le petit cabinet privé qui était contigu. Elle croyait entendre encore la voix de Saltzen dire : « Le Pasteur d’hommes s’abstrait de ce qui lui est personnel ; il ne s’écoute pas, il se renonce ; il s’identifie avec les lois mystérieuses de l’humanité. » Et elle sentait un pardon doux et résigné lui gonfler le cœur. La vraie grandeur de Samuel lui apparaissait. Ce n’était plus le tendre ami qu’elle avait rêvé jeune fille, ce n’était pas même l’amant dont elle s’était enorgueillie femme, c’était l’homme auquel un bonheur inouï l’avait unie comme esclave. Elle était asservie à Lui, elle devait, de Lui, souffrir tout. Rôle sombre, rôle humiliant, être perdue, anéantie dans cette vie magnifique !…

Elle vint, en songeant, à cette table de travail apportée ici du faubourg, et cette place, à la table de chêne, lui apparut comme le trône mystique du grand homme, le siège de sa souveraineté, C’était là qu’il venait penser. Elle devina l’em-