Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/320

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doigts, écrasée comme elle l’avait été entre les deux pistolets, et, quand elle se fut enfermée dans sa chambre, ce lui fut un sujet de méditations exquises parmi l’horreur qui l’enclosait de toutes parts. De temps en temps la pensée du vieil ami lui revenait, avec un soubresaut douloureux de son cœur.

Une heure se passa. Wartz revint : elle l’entendit entrer. Il était accompagné de Braun. C’était la première fois que le ministre du Commerce venait ici depuis le grand bouleversement. Une cause étrangère à la politique devait motiver cette visite. Alors, refoulant ses scrupules, Madeleine vint sans bruit, à pas glissés, s’enfermer dans la garde-robe qui était voisine des pièces de son mari, et prit une chaise basse, près de la porte.

Les deux hommes chuchotaient ; elle n’entendit rien.

Son acte, dont elle aurait eu honte autrefois, prenait une importance sacrée : le sentiment qui la menait sanctifie tout. Retenant son souffle, elle se baissa, chercha de l’oreille le défaut de la porte. Elle reconnut les mots de Samuel dits en murmure, mais elle ne comprit pas le sens d’un seul. Il devait expliquer une chose longue, interminable ; il parlait sans arrêt, pendant qu’à inter-