Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/330

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de ce cabinet très sombre, assise dans ce fauteuil précieux où il l’avait si souvent imaginée, l’avoir seule, en tête à tête, à cet endroit même où tant de fois il avait laissé le travail pour rêver à elle, où tout lui semblait imprégné de son image, c’était encore une chose délicieuse au vieil homme. Il vint prendre place près d’elle. Il ne savait plus ce qui allait se passer, ni s’il n’allait pas promettre tout ce qu’elle lui demanderait. Il entrevoyait la soie rouge du corsage que soulevait un souffle fort, et qui flamboyait autour du cou ; il devinait, sous le dessin allongé des cils, le feu secret des prunelles ; il entendit les longues lèvres supplier :

— Dites-moi que vous arrangerez les choses !

— Comment voulez-vous que je fasse ! répondit-il d’une voix très adoucie, puisque j’ai accepté les conditions que m’imposait votre mari.

Elle ne songeait même plus à défendre son cœur. Son cœur n’était plus tenté par la tendre affection de la veille, il y avait dans l’heure présente trop d’amertume pour qu’une saveur douce lui revînt.

— Docteur, de vous je n’aurai jamais demandé que cela ! Souvenez-vous : quand j’étais enfant et que vous veniez chez mon père, vous disiez toujours ; « Demande-moi quelque chose, des pou-