Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/332

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à part, il doit vous rester pour Samuel quelque souvenir de l’amitié d’autrefois, un sentiment paternel, un peu d’affection. Cet usage barbare du duel est odieux. Je vous en prie, allez le trouver, expliquez-vous avec lui, calmez-le. Il vous en coûtera, mais vous le ferez pour moi. Ce serait si affreux !… Entre nos vieilles amitiés il faudra bien élever une muraille, monsieur Saltzen, mais enfin, comme cela, il n’y aura pas de haine derrière.

Le sens de ce qu’elle disait échappait au docteur, mais ses mots lui ouvraient un inconnu aveuglant, qu’il n’osait approfondir. Il sentait entre eux une lourde ambiguïté de pensées, mais la clef de l’équivoque, il la tenait entre ses mains, tremblant de bonheur et d’incertitude. Son amour de la droiture lui fit dire sur-le-champ, cependant, pour rétablir toute vérité :

— C’est contre Hansegel que je suis le témoin de Wartz !

Les longues paupières se levèrent ; les chers yeux, sans retenue ni contention maintenant, s’ouvrirent vers lui, souriants, confiants, exultants ; elle cria :

— Hansegel ? de chez la Reine ? le duel avec lui ?

Puis la détente nerveuse survint aussitôt. Sans rien dire, sans rien expliquer, ne sentant plus que