Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/333

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le réveil bienfaisant après le cauchemar enduré, elle répéta encore une fois en riant : « Hansegel ! » et retomba sur l’appui du fauteuil, sanglotant à longs spasmes étouffés dans le manchon de fourrure fauve.

« Alors, se dit Saltzen, dans une pensée qui était l’illumination radieuse, l’apothéose de sa solitude pénitente, alors elle s’était méprise, alors elle croyait la querelle entre son mari et moi, pour elle ; alors, alors, elle sait que je l’aime ! »

Et il fit un pas en avant, les bras tendus. Déjà l’appel de tendresse était sur ses lèvres : « Madeleine ! » et déjà il croyait rassasier cette lointaine, cette longue et vieille faim d’aveu qu’il avait entretenue en inflexible abstinent. Plus que jamais, Madeleine était devant lui « la chère petite fille ». Ces larmes d’enfant, cet abandon ici, chez lui, comme chez un père, la fragilité de son corps qu’un tout petit sanglot pouvait ébranler, tout cela, c’était l’exquise puérilité qu’il avait sans cesse imaginée et adorée en elle — et il s’arrêta, un instant, penché au-dessus d’elle, d’elle qui ne le voyait pas, répétant silencieusement dans son cœur :

« La chère petite fille !… Ma chère petite fille !… »

Et ce fut tout.

Elle avait eu trop confiance en venant ainsi chez