Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/343

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à la campagne. Pour nous trois, pour la paix même de celle à qui nous voudrions, vous et moi, éviter l’ombre d’une peine, il vaut mieux que je m’en aille.

Wartz prononça avec une tranquille énergie :

— Mais, monsieur Saltzen, vous savez bien que c’est sur vous que nous comptons pour remplacer Nathée ; nul autre que vous ne pourra présider la nouvelle Délégation républicaine ; il faut que ce soit vous, ou je ne sais plus, alors !

Ainsi, dans cette tragique aventure qui atteignait et ravageait si profondément sa passion de jeune mari, aucun autre sentiment ne paraissait en lui que le serein attachement à son œuvre ! Saltzen en fut atterré. Il avait cru voir devant lui, dans cet homme aux colères contenues, maîtrisant sa haine ou la dissimulant sous l’estime et le respect, l’acteur farouche de ce cruel drame d’amour qu’ils jouaient à eux trois. Mais non ; il s’était trompé. Wartz se découvrait l’être impersonnel et surhumain de la Fatalité. Sa passion, la pensée de Madeleine, ses intimes sentiments, ses virils courroux, n’étaient que des accidents inférieurs dont se dégageait toujours sa volonté. Sa volonté, c’était le grand souffle de l’Histoire ; c’était l’inflexible ligne de la Destinée ; elle se subordonnait tout.