Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/342

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Wartz qui redevenait impérieux, laissons cela ; je ne veux savoir rien… Yous, monsieur Saltzen, vous avez mon estime, mon respect, ma confiance ; j’ai parfois des violences que je ne veux pas. Ne parlons plus de Madeleine. Oublions.

— Écoutez, dit encore Saltzen ; suis-je de trop dans votre vie ? Nous portons à nous trois maintenant le secret le plus triste, le plus lourd ; le charme de nos rencontres est fini. Je suis vieux ; ce sont les vieux qu’il faut jeter par-dessus bord ; il y aura toujours un malaise entre nous dans cet Oldsburg où chaque jour peut nous mettre en face les uns des autres. Voulez-vous que je le quitte ?

Wartz eut un geste étrange, un geste vif de refus :

— Quitter Oldsburg !

— Mon ami, j’aime ma ville comme les vieux Oldsburgeois l’aiment ; j’aime ma cathédrale, Sainte-Gelburge, l’Abbatiale, comme autant de personnes vivantes et captivantes ; je suis épris de mon fleuve comme s’il y dormait une belle fée invisible et amie ; et que dirai-je de nos rues, de nos vieilles rues dont je connais jusqu’aux ressauts des pavés, jusqu’aux sinuosités imprévues ! Mais vraiment, hors d’ici, je souffrirai moins. Donc, n’ayez pas de scrupules, décidez ; je puis partir et vivre