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Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/70

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en faire une future maîtresse d’école, jusqu’au jour où sa santé délicate ayant brisé les beaux projets, elle avait dû rentrer par violence dans la condition subalterne de sa naissance. C’est ainsi qu’elle faisait chez les Wartz office de femme de chambre, l’esprit plein d’une foule de choses dont on était à cent lieues de la croire occupée.

À la minute même, elle ouvrit la porte, cachant dans la pénombre du vestibule ses yeux rougis, sous prétexte de laisser passer le docteur.

— Monsieur Saltzen ! cria Madeleine.

Le vieil ami arrivait en effet, ignorant et confiant, son pardessus ôté, pimpant comme un jeune homme dans son veston court, et si content du tour qu’il jouait au petit ménage !

— Si vous saviez ! mon cuisinier a brûlé le rôti ; j’abhorre cela ; je viens donc m’inviter à déjeuner chez vous. Êtes-vous bien fâchés ?

— Votre cuisinier a du génie, dit étourdiment Madeleine, il sait brûler les rôtis à point.

— Merci, monsieur Saltzen, fit Samuel fort sincèrement.

Il se sentait très aimé, presque comme un fils, par ce vieux garçon sentimental, et là, dans l’instant même, comme le docteur entrait et le regardait, il avait eu l’impression très vive de cette