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Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/80

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froid normal qui vient des éléments extérieurs ; il sentait ce frisson morbide de l’homme qui crée, de qui le cerveau en travail accapare toute la vie, laissant transi et misérable le reste du corps. Pourtant, une foule de gens le frôlaient, surpris quelquefois par la singularité de ses yeux, mais ne soupçonnant pas que ce passant inconnu portât sous son front le plan, ferme comme la fatalité, de la révolution prochaine.

Il remonta la rue aux Moines, gagna la rue aux Juifs ; et le palais royal, le palais-dentelle, avec son architecture à jour, surgit devant lui. Tout de suite, tant était puissante l’idée seule de cette femme, il imagina, derrière les lucarnes géantes. des appartements du second étage, la Reine traînant ses robes noires de veuve à travers ses chambres. Elle sortait rarement, ayant muré sa vie secrète dans ce palais, pour y jouer, enveloppée d’une austérité magnifique, son rôle de chef d’État. Mais Samuel secoua vite cette imagination, et par la porte ouverte sur le couloir, il pénétra dans l’aile gauche du monument qui était réservée à la représentation nationale.

La séance de la Délégation était terminée depuis un certain temps. Dans l’escalier, il rencontra encore plusieurs collègues attardés ; il donna, au