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Page:Yver - Dans le jardin du feminisme.djvu/17

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férents et qu’ils ne manqueraient pas de m’instruire sur cette psychologie de la femme moderne dont nous sommes tous avides, et sur les causes du féminisme que j’essayais alors de définir. Elle disait en effet d’une voix décidée, mais sourde et comme secrète :

— Il faut arriver à tuer sa sensibilité. La sensibilité n’est qu’un piège auquel notre volonté se laisse prendre. Lorsqu’on est parvenu à se dégager assez de sa sensibilité pour l’observer en quelque sorte extérieurement, on doit être assez fort ou pour la détruire ou tout au moins pour échapper à ses suggestions.

Quelqu’un me souffla tout bas :

— Ne l’écoutez pas ; c’est du paradoxe. Je la connais. C’est le cœur de femme le plus tendre qui existe. Pour ses malades, elle est la bonté même. Et sa pitié est si grande que ceux qui l’observent s’aperçoivent fort bien qu’elle est entièrement vouée au soulagement de la souffrance humaine pour toute sa vie.

Mais j’entendais parfaitement ma jeune savante ; ce n’était pas à la bonté qu’elle inten-