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Page:Yver - Dans le jardin du feminisme.djvu/19

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commandait d’ailleurs. Mais l’intérieur ? Son cœur et sa jeunesse ne s’étaient-ils jamais émus ? Avait-elle pu voir sans frémir les désespoirs causés par ses refus ? Avait-elle, devant les mirages offerts, ignoré toute tentation ? Son implacable et doctrinaire affirmation : « Il faut tuer sa sensibilité », et la mélancolie, qui sur son charmant visage paraissait une fleur d’habitude plus que le témoignage d’une crise morale, n’étaient-elles pas deux aveux sur ce sujet ?

Ainsi le hasard me mettait en présence d’un échantillon supérieur de ces intellectuelles intransigeantes auxquelles je me suis plu à donner jadis le nom fabriqué de Cervelines. Elle était le plus beau terrain d’expérience que je pusse rêver pour étudier l’origine même du féminisme. Car le féminisme n’est pas né de la masse. Il a ses meneuses. Et celles-là même ne l’ont pas créé arbitrairement. Il a été le produit de leurs impressions, et, qu’elles me le pardonnent, de leur sensibilité déformée. J’allais donc pouvoir, près de celle-ci, déterminer certaines lois qui me demeuraient inconnues.