Page:Yver - Dans le jardin du feminisme.djvu/20

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— Mademoiselle, lui dis-je, n’estimez-vous pas que l’on perde plus qu’on ne gagne à détruire sa sensibilité, pour autant qu’on y parvienne ?

Ma jeune féministe me regarda d’un petit air supérieur :

— Mais non, répondit-elle, puisque cette sensibilité se dérobe à l’action de la volonté et qu’elle peut faire de nous le jouet de nous-mêmes et des autres.

— Vous voulez peut-être parler du cas de l’amour ? lui demandai-je, moins pour amener la causerie sur un sujet qui sera toujours le plus beau de tous que pour la forcer de s’exprimer, à mon plus grand profit, sur l’objet de l’initiale querelle dont je crois le féminisme sorti.

— Précisément, reprit-elle (et elle y marquait de l’empressement), l’amour est un des meilleurs exemples de la servitude où conduit la sensibilité déréglée.

Je m’excusai alors de posséder moins qu’elle l’esprit philosophique, de ramener plus volon-