Page:Yver - Dans le jardin du feminisme.djvu/36

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Je répondis à Sidonie :

— Parfaitement. Mais il y a chez les animaux cette particularité que la femelle n’a jamais revendiqué la tête du troupeau, ni la direction de la basse-cour. Le respect dû au plus faible est sa modeste revanche. Mais le jour où elle les prend toutes, le respect devient superflu. Je me suis aperçue que, depuis qu’on voit des femmes portefaix dans les gares ou présidant à la recette dans les chars populaires, l’homme se fait un moindre scrupule d’être assis pendant que reste debout le sexe qu’il sait capable de si rudes travaux. Ceci n’est qu’un fragile indice et comme le signe hésitant d’une transformation qui ne manquera pas de s’accomplir.

— Ce serait, dit Sidonie révoltée, la marque et la preuve nouvelles qu’il n’y avait qu’hypocrisie dans l’attitude chevaleresque de l’homme, et qu’il ne cherchait par sa politesse et ses petits soins qu’à maintenir dans l’esclavage celle dont il affirmait ainsi l’infériorité, car, si le rôle de la femme a changé, sa physiologie est demeurée la même.