Page:Yver - Dans le jardin du feminisme.djvu/35

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

que la nature a faite plus faible, l’attitude vigilante d’un gardien et d’un protecteur. Ne trouvez-vous pas, mademoiselle, que cela était charmant et que, ma foi, en bien des occasions la chose avait du bon ?

— Il faudrait, me dit Sidonie, que l’homme fût devenu un goujat notoire pour se soustraire, sous le prétexte que la femme sait gagner seule sa vie désormais, à des devoirs d’une élémentaire politesse et que l’on trouve même dans la rudimentaire civilisation des animaux. Car chez ceux qui vivent en troupeau, le mâle se précipite pour défendre les femelles attaquées ; et chez les gallinacés, qui joignent à une fière élégance la plus belle stupidité que je connaisse, on voit néanmoins le coq, lorsqu’il a découvert du bout de son bec un grain dans la poussière, le retourner et s’en jouer en caquetant jusqu’à ce que sa préférée dans la basse-cour soit venue s’en repaître. Ainsi le sentiment de ce qu’il doit à ses poules dépasse, dans cet oiseau bouffi de vanité, le désir d’un repas délicieux.